- 1 mois en Guyane Française - Le voilà enfin ce tout premier voyage de mon existence vers des contrées exotiques, celles là même à la base de ma passion pour la faune sauvage qu'elles abritent. Et la destination a de quoi me faire rêver avant même les quelques 8 heures d'avions distançant Paris de Cayenne : la Guyane française, parcelle du vaste plateaux des Guyane fort d'un endémisme considérable au sein des paysage grandioses cotoyant l'Amazonie. En route vers une zone parmis les plus richement diversifiées de la planète...
A travers le hublot de l'avion, tel un rideau, les nuages disparaissent pour laisser place à une scène majestueuse: la forêt tropicale humides, partout, à perte de vue ! Ils sont là, ces jaguars, ocelots, margays, tapirs, atèles ou encore hurleurs, pour ne citer que les plus emblématiques que, bien sûr, je ne pourrais pas prétendre voir. Par contre en allant à la rencontre de cette forêt, Dama Nature me réservera biens d'autres surprises.
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Quelques moments forts...
- Aujourd'hui nous partons vers la Montagne Favar qui surplombe les immenses marais de Kaw. En chemin, une halte s'impose. Au sol, une ombre apparaît furtivement ; c'est celle d'un toucan en vol qui traverse en hâte la petite route sinueuse. Nous délaissons le véhicule pour s'enfoncer dans la forêt, tous avec le même espoir car nous allons où vivent d'autres magnifiques et fragiles oiseaux. A quelques minutes de là se trouve un observatoire que nous rejoignons très lentement faute de s'arrêter tous les dix mètres observer un crapaud par ci, une mygale par là,... Et puis nous arrivons au but ; avec d'autres jeunes gens naturalistes, dans le plus grand silence,nous attendons de pouvoir rejoindre l'observatoire où seules 4 personnes sont permis de se rendrent à la fois. Notre tour arrive enfin. Oreilles grandes ouvertes, regards sillonnant chaque arbre, chaque branche... Ils sont là, ces fabuleux coq de roche de Guyane (
Rupicola rupicola) !
- Je progresse vers la forêt primaire du Mont Grand Matoury sans trop m'attarder ; je viens déjà de m'éterniser une longue demi-heure à l'entrée du sentier en vue de surprendre et photographier
Dendrobates ventrimaculatus. Je ne prête donc guère d'attention autour de moi en avançant relativement vite quand soudain un silhouette apparaît dans mon champ de vision et m'arrête net ; un paresseux tridactyle (
Bradypus tridactylus) se trouve juste sur ma droite, à peine à deux mètres de distance et à ma hauteur (sans doute est-il descendu faire ses besoins, ce qui fait partie du registre comportemental de l'espèce). Des paresseux, durant mon séjour, j'en aurais vu plus d'un. Pour autant jamais ces rencontres ne m'auront laissé indifférents et celle-ci est la plus représentative. Quelle sensation étrange que d'observer un mammifères si primitif, si vulnérable lui-même en train de m'observer. Deux extra-terrestres qui se dévisagent en face à face tandis que le temps qui s'arrête ; voilà comment retranscrire au mieux cet instant très intense et, je le redis, d'une beauté étrange à l'image du regard du paresseux, si vide mais me renvoyant pourtant une émotion, comme une certaine gène à se sentir un peu trop humain devant tant d'harmonie sauvage...
- Depuis le vieux port de Cayenne, l'on observe le soleil couchant par dessus l'océan. Au niveau de la vasière, c'est le signal invitant de nombreux oiseaux à rejoindre un emplacement précis pour passer la nuit. Quelques dernières aigrettes tentent une ultime pêche tandis qu'au dessus, un groupe de hérons bihoreaux gris s'envol. Puis c'est au tour des bihoreaux violacés. A contre jour, on distingue encore les ombres de nombreux limicoles: chevaliers, courlis, bécasseaux,... Soudain, une superbe spatule rose traverse le ciel pour rejoindre la mangrove tandis qu'un premier groupe d'ibis rouge, principalement des imatures, fait le chemin inverse. Quelques minutes plus tard, un autre groupe s'éloigne, puis un autre, et puis un dernier dont le vol conserve toujours autant d'esthétisme devant le ciel assombris, sous la nuit tombante.
- Mont Mahury ; la chaleur très lourde m'invite à prendre une pause. La rive du grand lac sera propice à ce petit repos ; je la rejoins en effrayant sur mon passage un téju me fuyant à grands pas. Devant le lac, j'observe au loin les grèbes minimes. En retirant les jumelles de mes yeux, je réalise qu'une autre scène animale se joue juste devant moi : un superbe serpent pour l'heure encore non identifié vient de traverser le lac d'une nage fulgurante. Il ne m'a pas encore repérer et monte sur la berge aux moyens de branches immergées pour ensuite rejoindre les arbres. J'ai toujours trouvé superbe le spectacle d'un serpent se déplaçant en pleine nature. Laissons celui-ci et reprenons le sentier d'où je perçois rapidement de nombreux cris aigus ne m'étant pas inconnus ; je reconnais là, par l'expérience des zoos, les chamailleries des saïmiris (
Saimiri sciureus) que je parviens difficilement à trouver dans le feuillage. Pourtant, tout autour de moi, les branches se secouent et les cris abondent. J'en discerne ensuite plusieurs allant d'arbre en arbre pour finalement s'enfoncer dans la jungle, suivis du reste du groupe d'environ 40 individus, peut-être plus,...
- Ici, nous sommes chez caïmans, annacondas ou encore loutres ; notre canoë rejoint le lac de Pali en bordure des marais de Kaw-Roura. Le soleil s'apprête à se coucher, nous à rejoindre notre carbet, les oiseaux leurs arbres favoris. Parmis-eux, quelle jolie surprise fut de surprendre 5 ou 6 araçaris verts (
Pteroglossus viridis) voler juste au dessus de nous pour rejoindre un arbre tout proche d'où nous avons eu le loisir de les observer mais aussi de les écouter. J'ignorais à quoi pouvait ressembler leur chant ; je le décrirais comme une succesion de puissants cris ressemblant à des rires sarcastiques. La nuit est maintenant tombée et, après une pause diner sur la terre ferme, nous sommes à nouveau sur l'eau. A la simple lueur de nos lampes, nous emmenons le canoë le long de la haute végétation aquatique du marais, attirés par d'autres chants. Nous y voyons de nombreuses petites rainettes mâles (non déterminés) tentant de courtiser auditivement les femelles. Le lendemain matin, toujours sur ce même canoë, nous traverserons la forêt par une rivière en assisstant à un véritable défilé de martins pêcheurs, haut en couleur, couronné par l'observation de l'imposant martin pêcheur à ventre roux (
Megaceryle torquata).
- La réserve naturelle nationale du Mont Grand Matoury est devenue l'un de mes sites favoris de sortie. Aujourd'hui, pour la première fois, je m'apprête à l'arpenter de nuit où la faune redouble de présence (mais également de discrétion!). En forêt, nos sens sont beaucoup sollicités ; outre la vision, l'odorat s'active sous l'effet des senteurs végétales et animales particuliérement fortes à certains endroits (marquages). Mais l'ouie est également très importante. Cela se vérifie à cet instant, vers 23h00, où des chants d'amphibiens se répondent autour de la petite crique à l'entrée du sentier. Certains proviennent de très prêt, juste à côté de nous. A l'oreille, nous les approchons. L'un des ces puissant cris ressemblant à un hurelement bref de chiot se fait entendre là, juste sous nos pieds. J'y dirige le faisceau de ma lampe... absolument superbe, c'est une
Hyla granosa ! Sa barre interorbitaire indique qu'il s'agit d'un individus récemment métamorphosé. Cette petite rainette restera l'un des amphibiens les plus beaux qu'il m'aura été donné de voir durant mon séjour guyanais.
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- Seconde sortie nocturne effectuée au Mont Grand Matoury. Nous avançons sur le sentier quand, à la lueur de nos lampe, une très longue masse mouvante et mince de couleur verte se fait voir. Les acteurs, mondialement réputés dans le monde entomologique, sont rassemblés par des milliers et des milliers d'individus. Sur un couloir large de quelques centimètres, chaque individu s'active au transport de morceaux de feuilles. Il s'agit des fourmis coupeuses de feuilles dont il existe de nombreuses espèces. D'où viennent-elles et où vont-elles ? Il est impossible de le savoir à la simple lueur de nos lampes tant leur couloir est interminable. Nous marchons plusieurs centaines de mètres à leurs côtés sans parvenir à atteindre l'extrêmité du cortège qui s'enfonce encore dans la forêt. Le spectacle est étonnant et admirable. Le lendemain, dés le petit jour, il ne restera pas un trace de ce balet de fourmis si ce n'est la marque sur le sol de leur passage à la manière d'une coulée de mammifères !
Découpage des morceaux de feuilles... puis transport: