Suite à mon éco-volontariat d'un mois au Village des Tortues, je vous propose un compte-rendu de ce parc qui gagne à être un peu plus reconnu.Village des Tortues de Gonfaron (83) - septembre 2007
Présentation rapide:
Le
Village des Tortues, fort de 2500 cheloniens environ, est un parc animalier de 2 hectares situé à l'entrée du massif des Maures, à 2 km de Gonfaron. Il s'agit d'une oeuvre" de la
SOPTOM (
Station d'Observation et de Protection des TOrtues et de leurs Milieux), association datant de 1986 (le Village a quant à lui ouvert ses portes en 1988).
La vocation première du parc est l'élevage et la protection de notre unique tortue terrestre française: la
tortue d'Hermann (Testudo hermanni). La collection comprend pourtant d'autres espèces, parfois mêmes exotiques, suite à des saisies douanières ou bien des simples abandon de tortues par des particuliers.
Le principe même de ce parc privé est simple: c'est le grand public, par ses entrées, ses parainages et autres, qui finance les programmes mis en place par la SOPTOM.
Seul les 2 tiers du site sont visitables, le dernier tier étant reservé à l'élevage approfondi de la tortue d'Hermann: ce sont les naissances réalisées dans ce secteur qui vont alimenter les renforcement de populations saubvages futures. Un minimum de contact humain est donc désiré.
Signalons enfin que le parc ouvre tous les jours de 9h à 19h ; cette année, pour la première fois, il devrait rester ouvert en continue, même pendant l'hiver (voir plus loin...). Les tarifs sont de 9 € pour les adultes, 6 € de 5 à 16 ans et gratuit pour les moins de 5 ans.
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Compte-rendu:
Après avoir pris son billet d'entrée et avoir déjà eu accès à quelques panneaux pédagogiques présentatnt grossiérement les tortues, une première construction s'offre au visiteur. Il s'agit de
la Clinique de la Tortue, salle de soin accueillant chaque année
200 à 300 tortues malades ou blessées.
Derrière la baie vitrée, certaines de ces tortues sont directement presentées au public dans des petits boxes où une petite fiche précise le mal qui ronge les reptiles, au cas par cas.
Les cas les plus fréqunts restent les morsures de chiens, mais on trouve également des blessures liées aux chutes de fenêtres ou balcons, les passages de voitures ou de tondeuse à gazons, les carences alimentaires ou encore les déshydratations. On remarque que bien souvent, les problèmes sont étroitement liées à la captivité de ces tortues.
Tortue marginée (
Testudo marginata) dans l'attente presque certaine d'une amputation suite à une infection précédée d'une blessure à la patte antérieure droite, que l'on voit ici démesurément gonflée:
Jeune tortue d'Hermann (
Testudo hermanni) blessées à la carapace:
Chaque jour, les tortues en soins disposent d'un bain à l'eau tiède d'une vingtaine de minute. Les soigneurs se chargent également quotidiennement de leur prodiguer les soins nécessaires.
Bains des tortues:
Cistude (
Emys orbicularis) en plein gavage:
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En face de la clinique, certaines tortues d'Hermann sont placées dans un petit enclos de "convalescence" afin d'être
observées après soins.
Vient alors une reconstitution taille réelle d'un tortue géante (
Dipsochelys elephantina), particuliérement appréciée des enfants le temps d'une photo ; elle est au Village des Tortues ce que la (ou les ???) statue d'hippopotame est au Jardin des Plantes.
Le visiteur peut alors s'enfoncer dans l'allée du parc, rustique, toute en bois, de laquelle jaillissent parfois, en plein milieu de la piste, quelques arbres que les créateurs du parc se sont engagées à ne jamais couper (et cela depuis 1988
).
Un premier grand enclos abrite un groupe de
tortues marginées (Testudo marginata) , encore appellées tortues de Grêce (à ne pas confondre avec les
Testudo graeca qui viennent quant à elles d'Afrique du Nord). Comme presque tous les enclos du parc, il s'agit simplement d'une parcelle de la garrigue délimitée par du grillage: décor naturel à 100%, si l'on excepte les abris.
Il s'agit des plus grosses tortues méditerranéennes avec un maximum de 40cm pour 6 kg chez les femelles, toujours plus imposantes que les mâles.
Ici, mâles et femelles sont séparés dans deux enclos adjacents car il n'existe aucun programme de conservation stable sur le terrain auquel le parc pourrait contribué ; il serait alors vite surpeuplé de ces tortues si les naissances étaient possibles, tout comme pour l'espèce suivante...
... les
tortues des Balkans (Testudo boettgeri), encore appelées tortues de Boettger ou bien tortue d'Hermann orientale car elle a lontemps était considérée comme une sous-espèce. Elle en est effectivement très proche, et seuls quelques détails morphologiques (ainsi que la géographie) la différencie de
Testudo hermanni.
Vue partielle de l'enclos:
Testudo boettgeri:
A chaque enclos s'en ajoute un autre, bien plus petit, appelé "enclos de vision" et facilitant l'observation pour le public.
Après les premiers enclos pour tortues des Balkans mâles vient celui des femelles.
On voit sur la photo précédente un panneau type du parc. La signalétique s'étend d'ailleurs jusqu'au règne végétal avec de nombreux panneaux installés tout au long du parcours comme ici pour le bruyère à balais (
Erica scoparia):
Un stand explique ensuite au public, par le biais d'une tortue agrandie 30 fois et d'un enregistrement sonore que chacun est libre d'actionner, l'anatomie de ces reptiles.
En continuant le chemin, une nouvelle espèce se présente à nous dans un petit enclos équipé d'un abri vitré (ces tortues supportant mal l'humidité, en cas de pluie par exemple).
Vues de l'enclos:
Des
tortues russes (Testudo horfieldii) y vivent, relativement proches de la tortue d'hermann elles aussi, mais avec notamment un carapace plus arrondie.
Juste derrière est implanté le premier bassin pour tortues aquatiques où se laissent surprendre quelques
emydes lépreuses (Mauremys leprosa), inconnues pour la plupart des visiteurs bien qu'il s'agisse d'une espèce visible en France.
Certes, c'est le reptile le plus rare de notre territoire avec une seule population d'une centaine d'indvidus dans les Pyrénnés, à la frontière Espagnol. Mais cette rareté n'est pas alarmante en soit et semble naturelle (de plus l'espèce est bien représentée en Espagne) ; il convient néanmoins de mettre notre dernière et unique population à l'abri d'un danger imminent: la disparition des zones humides.
Plastron d'une
Mauremys leprosa:
En face, le visiteur peut rejoindre un poste d'observation décoré de masques africains annoncant la présence des premières tortues exotiques du parc.
Trois
tortues rayonnées (Astrochelys radiata) , confiées par le zoo d'Amnéville dans le cadre de l'EEP, y évoluent (sans succès de reproduction pour le moment).
Les panneaux, comme pour toutes les espèces menacées présentées, informent le public des problèmes qui touchent ces espèces.
Bernard Devaux, le créateur du parc, a fait une action similaire à Ifaty (dans le sud de Madagascar) avec la création d'un village des tortues consacré à
Astrochelys radiata mais aussi la plus petite
Pyxis arachnoïdes, toutes deux souffrant de traffic animalier.
Un grand planisphère installé juste à côté présente d'ailleurs les différens lieux sur terre où sont mises en place des actions fortes en faveurs des différentes espèces de tortues, terrestres comme marines.
En continuant sa route, le visiteur surplombe du haut de la passerelle un nouveau bassin accueillant 5
tortues hargneuses (Chelydra serpentina) , dont 3 ont été trouvé dans les cours d'eau du Var suite à l'ignorance et l'insouciance de certains...
Malgré la taille impressionnante chez cette espèces agressive, l'observation est rendue difficile par le manque de luminosité. Voici cependant une photo d'un spécimen lors de son arrivée au parc (courant septembre), délaissé par un particulier et mis en quarantaine dans un aquarium hors-public:
On retourne ensuite vers les espaces africains avec l'Afrique sub-sahariennes et ses
tortues sillonnées (Centrochelys sulcata), les plus grosses visibles dans l'enceinte du parc. 9 individus se partagent l'enclos, visible du haut d'un nouvel observatoire amenagé là encore de panneaux sensibilisateurs.
Observatoire:
Enclos:
Abri vitré pour les nuits:
Tout comme Gonfaron et Ifaty, Noflaye (près de Dakar au Sénégal) a son propre village des Tortues en faveur de
Centrochelys sulcata. La SOPTOM travail main dans la main avec SOS SULCATA ;
voir une présentation de ce programme en annexe (bas de page)*Un autre enclos extérieur acceuil une troisième et dernière espèce africaine: la
tortue léopard (Stigmochelys pardalis), au nombre de trois. Comme les deux autres espèces exotiques, elles passent les nuit et l'hiver dans l'abri vitré et chauffé.
Vue partielle de l'enclos et de l'abri:
Femelle creusant profondément dans la terre caillouteuse...
... jusqu'à nous offrir un instant plein d'émotion, en pleine soirée:
Si je n'ai pu assisster qu'à la ponte du dernier des oeufs, 10 autres ont été découverts le lendemain matin afin de les receuillir (aucun progamme de coservation in-situ étant mise en place pour cette espèce, le parc ne garde pas les oeufs).
Le visiteur peut désormais s'engager dans un
sentier "paléontologique" retraçant l'histoire des tortues qui ont survécues à l'aire des dinosaures... Panneaux, fossiles, maquettes, reconstituions tailles réelles et même bruitages rendent ce parcours original.
Des stands ont également été installé, avec parmis d'autres thèmes les différentes causes d'extinctions des tortues à l'heure actuelle, les dégâts causés par les incendies dans la nature, les tortues françaises disparues,...